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candidat député

SR 2007, en ligne sur mon blog de candidat libre

Fin mai 2007, Nicolas Sarkozy venait d'être élu président et la France s'apprêtait à élire ses députés. Quelques jours avant la clôture d'inscription des candidatures, je décide de me présenter en "candidat libre" à la députation dans ma circonscription. Improvisation et course en soiltaire : je n'ai évidemment aucune chance, mais je veux tenter à ma faible mesure de faire entendre un discours réellement indépendant dans la cacophonie conformiste habituelle aux campagnes électorales.

Mis en ligne régulièrement au fil de ma campagne, ce "journal" est la suite d'un blog défoliant tenu pendant la campagne présidentielle avec mon ami Jean-Laurent Poli, et qui est téléchargeable ici : France moins J, l'intégral. (version pdf 2,2 Mo)

Mardi 22 mai 2007

Un entrefilet en page 2 de Lyon Capitale, intitulé publicitairement "colique", qui ne dit rien de très intéressant sur ma candidature, mais qui a le mérite de mentionner dans ce journal ô combien people, l’adresse du nerf de ma guerre : mon blog de candidat libre.

Dès jeudi prochain, affichage et distribution (manuelle) de mon tract de candidat – TOUTES LES BONNES VOLONTÉS SONT ACCEPTÉES, je cherche des distributeurs de tracts sur marchés ou en boîtes-à-lettres, et des colleurs d’affiches.

PS : j’ai inopinément appris ce soir qu’un débat organisé par Le Progrès (leader de la presse régionale) était prévu le 30 mai à L’Arbresle. N’y étant pas officiellement convié, alors que hier soir encore j’envoyai un mail au directeur d’agence du Progrès à Tarare (et que ma candidature est publique et officielle depuis une semaine) pour lui proposer une rencontre, je viens d’envoyer ce mail à plusieurs responsables du Progrès :

Monsieur,
j’apprends qu’un débat public organisé par Le Progrès aura lieu à L’Arbresle le 30 mai prochain.
Les candidats aux Législatives dans la circonscription peuvent-ils y participer ?
Très cordialement,

Je suis poli, non ? (pour les amateurs de prophéties, je renvoie à un certain paragraphe de l’article intitulé blocages sur Francemoinsj.

Mercredi 23 mai 2007

Je recois Pierre-Olivier Vérot, un journaliste du Pays. Conversation très agréable avec sans doute le seul hebdo honnête du secteur (au moins, leurs journalistes ont-ils l’air de parler des choses sans ces a-priori détestables qui mitent la plupart des articles du Progrès). J’espère un bon papier.

Vendredi 25 mai 2007

Parution d’un très bel article de P-O Vérot en page politique du Pays. Je le mets en ligne, en espérant qu'il y en aura d'autres, dans une page réservée à la presse.

Mercredi 30 mai 2007, à 19h

Je me suis donc rendu au fameux débat organisé par Le Progrès sur la circonscription. Nous étions 9 candidats, la représentante des Verts s’étant excusée parce qu’elle est sur le point d’accoucher ! (quelle drôle d’idée de se présenter à des élections dans un pareil moment). Il y avait environ 200 personnes dans la salle, beaucoup de militants évidemment.

Le journaliste chef m’avait installé au centre : "comme je ne savais pas où vous mettre, vous êtes à la table des gens de gauche, et j’ai mis l’autre centriste à la table des gens de droite". Fut-ce un hasard ? Les deux micros à ma table marchaient mal, rendant difficilement audibles nos propos, mais nous ne l’avons su que bien tard. Pour "s’excuser", le journaliste après m’avoir expliqué que c’était parce que nous maîtrisions mal la technique du parler dans un micro directionnel, m’a ensuite dit humoristiquement : "de toute façon, s’il y a eu sabotage, il faut vous en prendre au maire de L’Arbresle, ce sont ses micros !" (précision : le Maire de l’Arbresle est élu PS, et on n’imagine pas vraiment qu’il ait voulu rendre inaudible sa candidate).

A part ce problème technique, il semble que j’ai réussi à crédibiliser ma candidature. J’ai même eu l’honneur d’être cité plusieurs fois par mes rivaux principaux, dans un débat dont les questions (préparées et posées par deux journalistes du Progrès) étaient évidemment beaucoup plus en rapport avec les enjeux locaux qu’avec ceux d’une élection législative - c’est hélas la loi du genre que de mélanger ainsi les genres.

Lorsque, le 14 mai dernier, me demandant sur Francemoinsj si j’irais au bout de ma candidature, j’évoquais la censure inévitable des journaux locaux (je pensais très fort au Progrès), je ne savais pas combien je voyais juste. Car de cette prestation d’hier soir, qui m’a permis de faire la connaissance de nombreux militants d’autres candidats venus me féliciter chaleureusement à la fin, rien ne transparaît ce jeudi dans la grande page que le quotidien consacre à ce débat. Si l’on me cite ici ou là, c’est presque toujours sur des points accessoires et mal retranscrits, et la photo choisie pour mon portrait, sur les 30 ou 40 qui ont été shootées, me présente sous un jour cradingue et pathétique. Le chapô du journaliste prend bien soin de ne situer la campagne dans cette circonscription que sur fond de politicaillerie départementale, appelant même le président UDF du Conseil général Michel Mercier (trésorier de campagne de Bayrou) à la rescousse de l’UDF du coin. Minable.

En conclusion, je ne peux que reprendre ici le passage de mon post du 14 mai sur Francemoinsj :

(...) comme tous les partis sont maqués ici ou là avec un important de la libre presse locale, ton accès à toi aux média, il a des chances d’être limité au minimum syndical – et en plus, comme tu le réclames à cor et à cri à longueur de temps, pour bien te faire voir que les journalistes sont souverains, tu peux compter sur eux pour ne pas chercher à faire dans la connivence en rapportant les rares propos de toi qu’ils vont rapporter ! Ah ! ça ! Aux autres candidats le ton de l’objectivité, le traitement "neutre", respectueux des formes...
Vendredi 1er juin 2007

TLM, enregistrement d’un "débat" de 26 minutes dans les conditions du direct, mais pas en direct. Nous sommes 6 candidats en lice : Patrice Verchère (UMP), Sheila McCarron (PS), Jean-Pierre Guillot (UDF), Geoffroy Daquin (FN), Paul Brichler (LCR), et moi. Les 8 autres ont apparemment décidé de passer la main. J’arrive à l’heure, le premier en même temps que Sheila.

Il y a un truc bizarre et qui m’amuse dans cette campagne, qu’il faut que je dise : le conseiller en communication de Sheila est un vieux copain à moi, qui il y a deux mois est devenu, à sa demande et avec mon plein accord, mon associé dans l’une des deux sociétés que je co-gère. Pour lui, ma candidature est évidemment un moment douloureux. Pour moi, sur le fond, une preuve de plus de l’impérative nécessité qu’il y a pour les hommes et les femmes de ce pays de se considérer comme des humains à part entière, entièrement libres et entièrement façonnés par ce qui fait la spécificité des hommes : le langage, la communication (la vraie). Mon associé est un très ancien militant PS, et quelqu’un que j’apprécie (à part son militantisme pour le plus dogmatique des partis de France). Cependant je le vois enrager depuis quatre semaines à l’dée que je puisse "voler" des voix à "sa" candidate (que j’apprécie réellement pour son courage et son combat dans une circonscription taillée pour le règne de la droite), après qu’il ait enragé pendant les deux mois précédents aux "horreurs" que j’écrivais sur Ségolène Royal, "son" autre candidate qui n’était même pas celle de son coeur (il aurait préféré Fabius).

Il y a un autre truc bizarre dans cette campagne, qui m’amuse et qu’il faut aussi que je dise : je suis plutôt copain avec Jean-Pierre Guillot (candidat UDF), que je connais depuis 12 ans, parce que j’ai été comme lui délégué intercommunautaire de la même assemblée. En plus, il a été journaliste, puis potentat du journalisme régional, au Progrès. Il a 16 ans de plus que moi, mais nos destins s’étaient déjà croisés plus d’une fois bien avant qu’il ne devienne le Maire de Dommartin. J’ai aussi été l’ami et le partenaire de son premier 1er adjoint (que je connaissais depuis le Lycée). Evidemment, depuis trois semaines il me craint (pour ne pas dire qu’il me déteste) et fait jouer en douce tous ses relais pour que ma candidature reste au niveau où il est "normal" que les média la situent : je suis forcément un petit candidat, un négligeable, n’étant supporté par aucun parti. Pourtant je fiche à tout son réseau une trouille bleue. Et au-delà de son réseau, ma don quichottesque candidature, je le sais, inquiète : si les citoyens de ce pays, par aventure, la trouvait un tant soit peu crédible... Mais considérant notre proximité d’histoire, à chaque fois que nous nous voyons la sympathie ancienne l’emporte. Surtout qu’il sait, comme tout le monde UDF du secteur, que Mercier (président UDF de notre Conseil général et proche de Bayrou) a peur de moi, mais ne l’aime pas particulièrement.

Chaque fois que je considère ces absolues vérités (= Sheila et Jean-Pierre sont sympathiques, dévoués et intelligents, et je connais de près ou de loin toute leur histoire), je suis encore plus certain de l’intérêt de ma candidature : la seule chose qui manque à ces êtres, c’est l’indépendance, la liberté.

Je pourrais sans doute prendre chacun de mes autres concurrents dans le même faisceau d’éclairage, même s’ils me sont moins proches. Patrice (l’UMP), on le hume dès qu’on l’approche, a les dents qui rayent le parquet, mais il a aussi les qualités de ses ambitions : il croit non seulement à ce qu’on lui a appris et qu’il a été (bien) payé pour apprendre (à 25 000 balles par mois depuis 5 ans comme "attaché parlementaire" du député UMP sortant, on imagine volontiers combien il a pu peaufiner à l’aise sa connaissance du terrain), mais il croit aussi à ce qu’il dit, et qui n’est pas toujours idiot - loin s’en faut.

Geoffroy (le FN), c’est autre chose. De tous (à par moi) c’est le seul mystique. J’ai toujours (qu’on m’en excuse, ça doit être mon vieux compagnonnage avec Alain Soral, l’ancien gaucho récemment converti aux thèses effarantes de l’extrême-droite) un certain respect pour les types qui défient à ce point la bonne pensée du siècle qu’ils sont prêts à s’immoler sur n’importe quel autel. Et effectivement, celui du FN, c’est n’importe lequel. Mais quand tu regardes Geoffroy, 30 ans, qui vient d’être père pour la troisième fois, quand tu le regardes droit dans le fond de ses yeux bleus, tu te dis que des mecs aussi jeunes et timides, et même aussi parano que lui, tu n’as aucun intérêt à ne pas leur parler. La xénophobie est un mal tellement répandu, et qu’on prendrait tous tellement facilement ! Seule la parole, l’échange, peut parvenir à nous sortir de la tentation permanente du rejet de l’autre.

Et puis, il y a Paul (le LCR). Lui, c’est le plus bizarre, avec son déguisement folliculaire de Trotsky en blond. Froid, timide, germain. Trotskyste. Il est tout juste sorti de l’adolescence, n’a pas 25 ans. Espère, grâce à l'image de son héraut Bezancenot et le mentor de celui-ci, Krivine, se faire les voix à l’aveuglette des 2% de lycéens bobos. Paul ne se mélange pas, ne parle à aucun autre candidat, ne copine pas, ratiocine ses dogmes dès qu’on lui tend un micro. Pourtant, derrière le discours révolutionnaire à la fois désuet et courageux, percent les soubressauts d’une personnalité fervente, une volonté absolue de faire plier le monde à son utopie. Tout ce qui manque aux autres, et que pourtant, parce que Paul et ses leçons échappent totalement au réel, je ne peux cautionner.

On a débattu, et tout ce que je dis, lecteur, tu peux le vérifier : le "débat" filmé par TLM, a le mérite d’avoir été capté "dans les conditions du direct". Les enjeux, déshabillés un peu dans ce post, contrairement à ce qui s’est passé dans le compte-rendu écœurant fait par Le Progrès du débat à l’Arbresle, se lisent au fil des images peu trafiquées de TLM.

Le soir, j’étais à Lamure-sur-Azergues, devant un seul auditeur : le maire, monsieur Couleur. Personne ne vient à ces absurdes meetings qu’il faut cependant impérativement tenir, quand on est candidat. On ne les tient pas pour avoir du public, mais pour que les gens du coin sachent qu’on est venu chez eux. Monsieur Couleur, comme beaucoup de ces maires de petites communes que j’ai rencontrés depuis 20 ans, est un homme remarquable. Vieillissant, il parle avec enthousiasme de ce qu’il a fait pour sa commune, et avec regret de ce qu’il n’a pu faire. Il connaît un par un chacun de ses administrés. Il avait un peu honte d’être mon seul auditeur. Il est reparti au bout d’une heure de discussion avec une vingtaine de tracts, en me disant de ne pas m’inquiéter : "Je parlerai de vous à mon Conseil municipal". Et qu’il l’ait peut-être fait pour Sheila, Jean-Pierre, Patrice, Geoffroy, Paul, ne m’étonnerait ni ne m’agacerait. La France doit réapprendre à parler au monde. Monsieur Couleur qui portez un si beau nom, tracez encore et encore ce chemin !

2 et 3 juin 2007

Marchés samedi et dimanche matin à Tarare et Sain-Bel, puis à Lentilly.

A Tarare, le PCF et l’UDF sont là aussi. Nous nous saluons cordialement, et mon suppléant Pierre André peut s’adonner à son sport préféré : de longues discussions historiques avec militants et candidats rivaux, pendant que je vais à la rencontre des chalands. Il est d’une insatiable curiosité de l’autre, et me fait ensuite des rapports passionnés dans la voiture. Une amie nous accompagne, diffusant mes tracts montée très haut sur des échasses. Franc succès des échasses.

A Sain-Bel, nous arrivons un peu tard pour le marché. Discussions impromptues avec quelques badauds qui me connaissent et veulent me parler de ma candidature. Chacun a son avis sur ce que je devrais dire et ne pas dire, sur lePierre André tort que j’ai de me présenter "comme ça" bien qu’il approuve ma démarche... Normal, je suis un peu l’enfant du pays, faudrait quand même pas que je m’en croie trop facilement le prophète ! A l’apéro un peu plus tard (apéro ! il est près de deux heures de l’après-midi !) j’apprends que JP Guillot, le candidat UDF en visite à la mairie ce matin, n’a été visité que par quelques élus municipaux et un seul quidam - je me sens moins seul.

L’après-midi du samedi, nous parcourons un bout du canton du Bois d’Oingt pour diffuser la bonne parole dans les boîtes-aux-lettres, tentant de panacher efficacité quantitative et plaisir de la balade, richement commentée par Pierre André qui repère le moindre détail architectural et m’en fait des théories magistrales. Nous finissons la route par un goûter tardif chez un ami musicien de jazz que je n’avais pas revu depuis quelques années et qui m’a signifié son soutien il y a quelques jours après avoir appris ma candidature. Amusant : la compagne de ce musicien est une amie d’université de l’épouse de Pierre.

Dimanche matin à Lentilly, sans les échasses, nous sommes plutôt bien accueillis quand même. Comme hier, les gens semblent sur le fond en attente d’une démarche comme la mienne, félicitent, encouragent, sourient de mes piques et prises de position en toute liberté sur tous les sujets. Je m’aperçois aussi pour la première fois que ma bobine commence d’être connue. La plupart du temps, lorsqu’on m’aborde, j’entends cette phrase superbe : "C’est vous alors, le candidat libre ? C’est très bien... Donc vous êtes indépendant, c’est bien... mais de quel parti ?"

Dimanche après-midi, retrouvailles avec un couple de très bons copains, dont j’avais fortement éprouvé la fibre socialiste par mes charges anti-ségoléniques sur Francemoinsj pendant la campagne présidentielle. Je crois qu’on s’est en définitive bien compris.

Lundi 4 juin 2007

Je traîne depuis samedi une fâcheuse extinction de voix (quelle augure pour le candidat à un suffrage !), qui m’empêche de donner un cours - eh ! oui, je continue de travailler, il va bien falloir payer cette campagne : je suis paradoxalement le candidat qui va le plus dépenser de ses deniers personnels pour faire l’une des plus matériellement minables campagnes, tractant les boîtes-aux-lettres moi-même (heureusement aidé par une trentaine d’amis bénévoles), ayant dû renoncer à faire distribuer comme les autres bulletins et profession de foi par la Préfecture parce que je n’avais pas les moyens de payer les 82000 imprimés nécessaires. Dur dur, d’être un citoyen libre !

Le soir à la Mairie de Limonest, ma rencontre avec les habitants se solde par une rencontre avec les marches du parvis : pas un chat, l’air est doux, je devise joyeusement des aventures d’un candidat en campagne avec Flavien, mon jeune "aide de camp" - je lui préfère ce titre à celui du pompeux "directeur de campagne" dont les autres s’affublent. Flavien a tout juste 18 ans, c’est aussi une de mes gloires que cette ferveur d’un tout jeune homme pour la candidature du vieux barbon que je commence à devenir.

mardi 5 juin 2007

Le Progrès publie un nouveau petit papier sur ma candidature, d’une curieuse neutralité : bien qu’y retrouvant en très condensé des propos que j’ai tenus au journaliste qui l’a rédigé, il semble qu’encore une fois l’exercice de brièveté auquel s’astreint le journal dans ses petits portraits quotidiens soit utilisé pour brouiller mon message (et certainement pas que le mien, d’ailleurs). Ainsi, les "petites phrases" retenues, et qui ont bien été prononcées par moi, me présentent outrancièrement comme un "sarkozyste économique", "plutôt écolo", qui veut "arrêter le cirque avec l’Europe"... Bref, un florilège de la pensée sommaire qui inonde le discours médiatique, et qui m’est en quelque sorte retourné, alors que je n’ai de cesse de le dénoncer depuis des années.

Me sentant en veine de gentillesse, je remercie quand même par mail le journaliste de son petit papier... Il me renvoie immédiatement un mot qu’il demande que je mette en ligne expliquant que j’ai à tort mis en cause la neutralité de son journal à l’occasion du compte-rendu du débat de l’Arbresle, que plusieurs de ses tentatives pour me laisser un commentaire ont échoué ... en gros, c’est moi le censeur. Bien que ne trouvant trace nulle part de ses tentatives, je mets immédiatement sa protestation en ligne :

5 juin 2007, par François Guttin-Lombard
Bonjour
Dans votre blog, vous mettez en doute la neutralité du Progrès. Sur le thème bien connu de la collusion des media - développé par d’autres avant vous -, vous pratiquez le mélange des genres.
Le Progrès s’efforce de donner la même place à chaque candidat en période électorale par respect pour ses lecteurs, dans le cadre d’une information la plus objective possible. Vous avez ainsi bénéficié de la même place que les autres candidats dans notre compte-rendu, ainsi que de l’annonce de votre candidature dans les mêmes conditions que les autres.
Quant au micro, comme vous le notez, c’est un micro directionnel, ce qui pose problème quand on parle à côté, ce que nous vous avons signalé à plusieurs reprises durant le débat.
Je vous remercie de mettre en ligne ce message sur votre blog, plusieurs essais pour le faire directement s’étant révélés infructueux.
Respectueusement,
François Guttin-Lombard, chef d’édition Le Progrès Villefranche-Tarare

Le soir, rencontre avec les habitants du Bois D’Oingt, à la vieille église. Le premier habitant qui se présente est une jeune journaliste du... Progrès. Rapports un peu crispés, au début. Elle me reproche, je lui reproche, on se reproche. Peu à peu, je sens que le courant passe. Nous parlons une bonne vingtaine de minutes, des gens arrivent, de vieilles connaissances essentiellement, en petit nombre. La demoiselle me dit qu’hier à L’Arbresle, JP Guilllot a "fait" environ 30 personnes, il y avait le ban et l’arrière-ban de l’UDF, Mercier s’était déplacé... "Ah ! Guillot aussi, finalement, il ne déplace que ses vieilles connaissances !" - ma réplique la fait sourire. Du coup, je me lâche, elle n’arrête pas de noter, mais je lui fais à présent totalement confiance : son papier à elle sera vraiment honnête. Pour finir, elle me fait poser pour quelques photos, raille ma coiffure "ébouriffée" que j’ébouriffe encore un peu plus en voulant l’arranger. Puis elle s’en va.

Comme il y a peu de monde et que la petite place devant la vieille église est une splendeur de sérénité millénaire, ma réunion publique se tient ici, et non dans l’édifice. Le fil des discussions à travers les petits groupes de mes quelques supporters est accompagné par une très belle mélopée au piano, qui sourd de la bâtisse qui ferme la placette. Comme je ne cesse de faire remarquer à tous cette présence enchantée, mon jeune aide de camp me suggère d’écrire un mot à l’adresse de la personne qui est en train de jouer. Envoûté par le charme du moment, je griffone un tout petit mot sur un de mes tracts (personne n’a de papier !) et le dépose dans la boîte-aux-lettres de la bâtisse. Quelques minutes plus tard, alors que je suis en discussion avec un militant de la cause citoyenne venu à ma rencontre par mail il y a peu de jours, un vieil homme sort de la maison enchantée, pour en fermer les volets. Je ne peux m’empêcher de lui dire mon enthousiasme pour sa musique et la discussion s’engage aussitôt sur Bizet, le piano, le violoncelle dont il est professionnel, et la politique, évidemment : "Vous savez, me dit-il, moi, sur le sujet, je ne connais pas grand-chose, alors quand je vote pour quelqu’un, c’est avant tout pour un être... le vôtre est en train de me convaincre."

Les gens, comme l’avait écrit Jean-Roger Caussimon pour Léo Ferré, il ne conviendrait de les connaître que disponibles, à certaines heures pâles de la nuit, avec des problèmes d’hommes...

mercredi 6 juin 2007

Et voilà, ça commence ! Alors que nous sommes en train de préparer notre journée de tractage Pierre André, Flavien et moi, coup de fil de Didier, mon webmaster : "Là, tu pousses le bouchon un peu loin, Serge ! C’est quoi cet article du Progrès d’hier ? Tu es sarkozyste maintenant ?" A côté de lui j’entends Franca qui renaude. J’essaie d’expliquer mon propre agacement, le système des média, pourquoi aussi cette étiquette idiote que je veux cependant essayer d’assumer à la marge. Merci Le Progrès ! Didier fulmine, ses copains gauchos qui déjà regardaient notre amitié d’un œil dubitatif... Candidat libre, c’est vraiment un métier impossible ! Bref, Didier trouve que cet article est tout bonnement à jeter aux ordures, que le sarkozysme économique même à la marge est une posture infamante, et comme je n’ai vraiment pas le temps de débattre je concède : pour le moment, et tant que je n’aurais pas eu le temps de dire ici (j’écris ce journal avec 3 ou 4 jours de différé) ce qu’il en est exactement, l’article, que j’ai mis hâtivement en ligne hier dans la rubrique de mon site de candidat intitulée "la presse en parle un peu", passera à la trappe.

Nouvelle traversée de la circonscription, par l’ouest de la vallée d’Azergues, puis par la vallée elle-même, en remontant via Lamure jusqu’à Claveisolles pour tracter. Merveilleux pays, somptueux paysages, villages perchés d’une incroyable majesté. Je ne m’étais jamais aperçu, en parcourant pourtant cette région par petits itinéraires depuis 30 ans, de la richesse récurrente de ce patrimoine naturel et architectural : où qu’on soit, sur quelque chemin qu’onchataignier s’égare, la force secrète de l’histoire des hommes affirme son étonnante continuité, et la beauté de leurs traces. Entre Saint-Just d’Avray et Grandris, en plein Beaujolais vert, nous nous arrêtons pour contempler au milieu d’un côteau un châtaignier gigantesque, d’au moins 600 ans d’âge.

Au hasard des rencontres en cet après-midi de semaine, les gens que nous croisons, dans les rues, leurs jardins, des auberges, nous font un surprenant accueil : ceux d'ici, qu’on dit volontiers austères et xénophobes, se révèlent tous extrêmement diserts, m’encouragent, certains prennent des poignées de mes tracts pour les diffuser eux-mêmes ! Je vais finir par croire qu’il se passe vraiment quelque chose de fort autour de cette idée du citoyen libre dans la campagne des partis (-pris). Que n’ai-je eu l’idée de me lancer dans cette bataille un peu plus tôt ? Me voilà à présent investi de quelques centaines d’espérances - "Quel que soit le résultat, n’abandonnez pas, monsieur Rivron, c’est bien ce que vous faites, vous allez inévitablement susciter des vocations !" C’est vrai que c’est surtout pour cette raison que je me suis lancé dans la bataille, mais ça fait bizarre de me l’entendre renvoyer par des inconnus...

Le soir, je suis à Amplepuis pour un nouveau débat inter-candidats. Mon éraillement de gorge ne s’est pas arrangé, mais je me sens boosté par toute cette cordialité rencontrée depuis hier. Devant environ 70 spectateurs, nous débattons à 8 sur les sujets du soir autour du thème de l’éducation et de la culture en milieu rural. Candidats et suppléants (les candidats Vert, UMP et Lutte Ouvrière se sont fait remplacer), sont tous arrivés avec leurs notes, et beaucoup les lisent trop ostanciblement. Moi, je n’ai rien, je n’étais même pas au courant du thème du débat (j’ai dû zapper le mail qui m’en avertissait). Pas grave, j’ai horreur de prendre la parole à coups de notes. Et puis, je connais très bien les sujets abordés - à tel point que je m’envole carrément sur les moyens de la culture en milieu rural, me lançant dans une tirade rageuse contre la DADvSI et ses suites annoncées, et fustigeant par l’intermédaire de la suppléante de Patrice Verchère le camp UMP pour son suivisme de godillot en la matière. Comme tous les candidats présents ignorent à peu près tout de cette loi (à part la communiste Andrée Zellez, qui a un peu lancé le sujet, et la socialiste Sheila McCarron qui conclue mon dithyrambe par une bonne remarque) et de ses enjeux gravissimes, ma colère me vaut instantanément le respect manifeste du public.

Un peu plus tard, je me permets de pousser le suppléant Lutte Ouvrière dans ses retranchements lorsqu’une fois de plus il se lance dans la rengaine des profits des patrons, que soi-disant les derniers gouvernants n’ont cessé de favoriser : j’en ai assez de ces affirmations faciles venus de gens qui ne savent absolument pas de quoi ils parlent, faisant comme si des raisonnements macro-économiques marxisants avaient quelque rapport avec la réalité quotidienne de l’entreprise et des (très majoritaires en nombre) petits entrepreneurs. Je somme donc le "lutteur ouvrier" d’expliquer au public comment fonctionne l’impôt sur les sociétés (dont il ne connaît à l’évidence même pas le nom), et comme il ne parvient pas à répondre, c’est moi qui l’explique - en énumérant aussi la teneur des autres impôts, taxes et contributions qui pèsent sur l’entreprise avant répartition éventuelle de dividendes. L’un des présentateurs, très pro, essaie de voler à la rescousse du L.O., en me disant que j’ai dépassé mon temps de parole (pas mal, pour un à moitié aphone !). Alors j’enfonce le clou, en concluant "sobrement" que j’en ai fini mais qu’il me paraît difficile de parler de débat si les arguments avancés sont à ce point du n’importe quoi.

jeudi 7 juin 2007

Parution de l’article du Progrès conçu par Marie-Anne Bellon, la jeune journaliste venue m’interviewer avant-hier au Bois D’Oingt. Enfin un vrai honnête papier sur moi dans ce journal ! C’est rapide, bien sûr, mais il n’y a rien à jeter, je peux assumer tout ce qui est écrit, et la jeune femme n’a pas essayé de me mettre en porte-à-faux avec moi-même. Merci Marie-Anne Bellon !

Seul petit défaut quand même : l’adresse de mon site internet n’est pas mentionnée, Le Progrès ayant décidé de n’en mentionner jamais. Une preuve de plus de la volonté de la plupart des média de verrouiller l’information, la liberté d’échange sur internet étant devenu l’ennemi numéro 1 des "vrais" journalistes comme des "vrais" politiques, qui veulent maîtriser leur vraie propagande. Et pour le coup, la candidature d’un candidat indépendant en pâtit directement : internet, c’est à peu près gratuit, alors que l’imprimé, les quantités de journaux et prospectus que balancent mes concurrents depuis 3 mois, ça coûte très cher, beaucoup trop cher pour un simple citoyen ! Si les "relais d’information" - comme se proclament bravement les journaux - ne relaient pas l’adresse des lieux d’expression des candidats, c’est encore une fois qu’ils vont dans le sens, ces démocrates, de l’interdiction de la réappropriation de la politique par le citoyen de base.

En soirée, après rencontre avec les clients habituels du bar de Saint-Germain sur L’Arbresle, tractage à Tarare avec Flavien. On fait environ 700 boîtes-aux-lettres en deux petites heures, arrêt obligatoire par manque de réserve de tracts emportés ! Dommage, il est d’autant plus important pour moi de tracter maintenant, parce que les enveloppes officielles de la Préfecure ont été distribuées et que nombre de mes pourtant proches, n’y voyant pas figurer mes documents, m’ont téléphoné inquiets croyant que je ne me présentais plus ! J’ai oublié de dire à tout le monde que je n’avais pas eu les moyens de fournir à mes frais les 82000 tracts et bulletins de vote indispensables à cette opération de communication ! Les gens sont tout étonnés : "Ah ! bon, mais c’est toi qui devais les payer ?" - Ben oui, hélas, sans parti pour financer, c’est moi... Il me semblait pourtant avoir fait appel aux subsides de mes amis... apparemment, ils ont dû croire que c’était pour me payer des fringues, ou des vacances, la plupart !

Rencontre extraordinaire à Tarare, en postant un tract à un portail : la propriétaire, une accorte quinquagénaire, m’ayant demandé ce que je faisais, me dit qu’elle a vu mon affiche et m’invite à boire un verre de rosé. Deux de ses amis sont là, sympathiques, UMP convaincus, très ouverts cependant. Nous devisons une vingtaine de minutes, puis ils s’en vont. Mon hôtesse, couturière, mariée à un militaire de carrière en retraite qui marche quelque part en Turquie en ce moment - sur la route de la Première Croisade - me raconte sa vie, ses enfants (sa fille aînée mariée avec quelqu’un dont je connais très bien le nom et qui sera probablement un futur maire de Tarare, si ce n’est le prochain). Et plus nous parlons, plus je vois se tisser entre nous ces liens qui font les rencontres importantes d’une vie. Je pense à Pierre André, mon suppléant dans cette aventure, et qui sera vraisemblablement si heureux de converser avec le mari de ma nouvelle amie. Nous nous quittons après une heure en nous promettant de nous revoir bien vite, en famille. Elle me dit quand je pars : "Je vais essayer de faire le maximum pour faire connaître votre site... Et maintenant, il faut croiser les doigts pour vous."

Vendredi 8 juin 2007

Alea jacta est ! Ce soir à minuit fin de l’autorisation pour les candidats d’alimenter leur site internet avant dimanche soir. Il est 15 heures, je suis au boulot. Ce soir, mini-marathon en prévision, d’abord off campagne : je me rends à l’inauguration à Bully d’une belle expo sur le nu dans l’art contemporain, "Corps attitudes". Les organisateurs sont des copains et mon frère Yann y expose quelques toiles et dessins. Puis j’espère pouvoir passer ensuite à un débat qu’organise la MJC de l’Arbresle sur le thème "à quoi ça sert un député ?", ou quelque chose comme ça. Ensuite, deux bringues amicalo-politiques où je suis convié. Marathon du soir, espoir...

Demain matin je vais tracter sur le marché de Limonest, puis vers 11h30 à Sain-Bel. Après, vacances, en attendant "l’immense surprise" ou l’adieu aux armes. Pendant ce temps délicieusement suspendu, je pourrai m’occuper un peu de mes rosiers et de mes tomates, lâchement abandonnés depuis 15 jours.

Dimanche 10 juin 2007

0,4%, un peu moins de 200 voix, avant-dernier des 14 candidats, même derrière le pauvre Lutte Ouvrière : tout ça pour ça ! Je ne sais pas à qui cette campagne pourra servir d'exemple, ni quand, mais je ne regrette rien. L'UMP Verchère est élu dès le premier tout avec 26879 voix (53,4% des suffrages exprimés - l'abstention comme partout ailleurs a été très importante). Petits bonheurs personnels :

Ici s'arrête mon journal officiel de campagne

Supposant que si tu l'as lu jusqu'ici c'est que tu as aimé, je t'en propose une petite suite. Parce que je n'en n'avais pas tout à fait fini à propos de cette élection, j'ai essaimé au hasard de quelques rubriques de mon blog de candidat libre ces amuse-gueule dédiés à la République abandonnée.

Tu peux toujours aussi télécharger France moins J, l'intégral. (version pdf 2,2 Mo)