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SR, 3 avril 2009
Tous les artistes sont avec nous !
: combien de fois Christine Albanel, ministre de la Culture, a-t-elle répété cette imposture avant et pendant le débat sur la loi "Création et Internet" (dite Hadopi) ? Pour parfaire cet alibi, qui avait déjà servi en 2005-2006 à vendre l'abracadabrante DADvSI à un parterre de députés majoritairement ignares en informatique, en création et en liberté, elle s'appuyait, comme Donnedieu de Vabres à l'époque de la DADvSI, sur une pétition mise en ligne en octobre 2008 par la SACEM :
"Mesdames et Messieurs les parlementaires,
pour assurer la juste protection de leurs droits et le respect de la valeur travail,
pour concilier les atouts d'Internet et la diversité musicale,
les artistes, les créateurs et tous les acteurs de la filière de la musique soutiennent le projet de loi "Création et Internet".
Ils vous demandent d'adopter ce projet de loi."
Le ton solennel escompté des retours à la ligne et des mots ronflants peine à masquer l'indigence et la gratuité de l'argumentation, sans parler de l'évident coup de Jarnac qui consiste à positionner d'avance les signataires comme totalité des créateurs, artistes et gnagnagna de la "filière de la musique". Aux dires invérifiables de la SACEM qui n'a jamais rendu publics les noms, paraît que 10 000 "artistes" auraient quand même signé ce potage. Pourquoi pas, puisque la SACEM se contentait d'un nom, d'une adresse mail et d'un clic pour considérer qu'un supporter de plus avait signé : c'est ainsi que Numerama a pu dévoiler l'arnaque en s'inscrivant sous le nom de Tartanpion Duchemol et que j'ai moi-même pu souscrire tout récemment au nom subtil de Roland Culé, musicien (rolandcule@numericable.com)
Jamais à cours de stratagèmes pour infuser sa propagande dans les veines accueillantes du petit monde du journalisme assermenté, la SACEM a aussi organisé le 30 mars 2009 à l'Odéon une sorte de brunch-média autour de 30 "artistes", dont 21 affidés (ou asservis) aux 4 plus gros éditeurs de musique (les "Majors" Warner, Universal Music, Sony Music, et EMI). Cette initiative a néanmoins été saluée comme il se doit par la ministre Albanel, qui y a vu l'occasion de se rengorger encore plus fort du soutien de tous les artistes à son projet de loi.
Ulcéré qu'on insiste ainsi à proférer un pur mensonge pour justifier une loi dont la vénalité est l'unique ressort, j'ai lancé mercredi 1er avril (mauvais jour!) 2009 en fin d'après-midi, par simple mail adressé à quelque 500 artistes de mon carnet d'adresse (en la matière bien fourni) un appel à pétition. Une fois n'est pas coutume : je ne signe moi-même que très rarement ces pétitions qui sont la forme pléthorique actuelle et "citoyenne" de la bonne conscience – et que je suis contre le viol, et que je suis contre le sida, et que je suis contre les OGM, et que je signe à deux mains en les rapatriant vite fait à mon braquemard pour le tripoter d'aise aux culs offerts dans mon magazine préféré, en grignotant les céréales à l'huile de palme achetées à la sueur de mon pouvoir d'achat (ai-je bien signé contre sa baisse?).
La clôture du débat parlementaire étant prévue le lendemain soir 2 avril, j'espérais la réaction rapide de l'avant-garde mobilisée de mes amis créateurs, pour mailer sans illusion mais sans vergogne non plus notre pétition à l'assemblée avant le début de l'ultime séance du soir. Et effectivement, à 20h tapantes, j'ai posté ça à une quarantaine de députés et 4 ou 5 webzines :
Cette liste a été constituée à la hâte en moins de 24 heures, suite à un simple courrier Internet auquel ont nommément répondu les personnes qui y figurent. Elle ne correspond pas à un projet prémédité, mais se veut une réaction à l'affirmation réitérée de Christine Albanel que "tous les artistes sont pour la HADOPI". Nous la rendons publique prématurément et en l'état, parce que le débat en cours à l'Assemblée nationale approche de sa fin, continuant de charrier, du côté des défendeurs de la HADOPI, un flot de contre-vérités qui toutes, reposent sur l'alibi d'une loi soi-disant destinée à protéger la création artistique. De quelle création parlez-vous ? Parions que si nous avions prévu mieux notre coup et avec le centième des moyens de propagande dont disposent depuis 4 années les inspirateurs des lois DADvSI et HADOPI, il aurait fallu bien plus d'un Odéon pour accueillir les milliers d'artistes français qui n'ont rien à craindre d'un Internet ouvert et tout de l'Internet sous contrôle que vous installez sans honte.
AKCHOTÉ Noël, musicien
ALTEC Jay, DJ, producteur en musique électronique
ANQUETIL Emmanuelle, plasticienne
ASENSIO Juan, essayiste et critique littéraire
ASTRE Didier, auteur compositeur interprète
ATTALI Jacques, auteur
BAILLEUL-RAYNAUD Catherine, peintre
BALMONT Véronique, parolière, chanteuse et comédienne
BALTHUS Zoé, auteur
BARGEL Antoine, écrivain
BARTHÉLÉMY Cécile, écrivain
BAUR Dominique, plasticien
BELLAICHE Alain, auteur et musicien
BIRAIS Jean-Michel, peintre
BLANCHARD Anne-Lise, poète
BOUTALEB Mô, auteur
BRUNEAU-THÉNARD Yvette, chargée de production
CAPEILLE Séverine, auteur
CENDRES Julien, écrivain
CHABRIER Nadyne, comédienne
CHARPENTIER Bruno, plasticien
CLEMENT Jean-Pierre (Clément), sculpteur
COSTES Jean-Louis, auteur, musicien, performer
CURNIER Jean-Paul, écrivain
DELAINE Didier, musicien libre, compositeur
DELCUSE Gilles, écrivain
DEPOIX Emmanuel, comédien, compositeur, interprète
DUBOST Niels, comédien et réalisateur
DUBOST Patrick, écrivain
DUFFOUR Régis, écrivain
DUGOIS Marc, écrivain
ESCANDE Renaud, directeur de collection aux éditions du CERF
EUDELINE Christian, critique musical, auteur
GENIN Christian, photographe
GIAJ Pascale, comédienne
GIUSTI Bernard, écrivain
GLAYMANN Maurice, éditeur
GORRY Louis-Jean, graphiste
HASSOMERIS Georges, poète performer
HERCBERG Natan, écrivain
JAMES Laurent, auteur et performer
KANN SZPIRGLAS Ivan, photographe
KL LOTH, plasticienne
La BLANCHE Éric, chanteur producteur
LESUR Judith, auteur
LIMONGI Laure, écrivain et éditeur
L.L. de MARS, auteur, musicien et plasticien
MAGNAN Nathalie, art en réseaux
MAÏ Franca, écrivain
MOLIA Monierza
MORIER-GENOUD Philippe, acteur
NIVELLE Régis, écrivain
OHANESSIAN Georges, comédien
PADOVANI Henry, musicien, producteur et directeur de label
PARIS Joseph, cinéaste
PETCHANATZ Christophe (Klimperei), musicien et écrivain
PIERRAT Emmanuel, écrivain et avocat en droit de la propriété intellectuelle
PINHAS Richard, compositeur
POLI Jean-Laurent, écrivain
PROST-MANILLIER Marie-Françoise, plasticienne
RAPINI Jean-Louis, scénariste
RAVELLA Patrick, écrivain
RÉGNIER Paul, écrivain
REY Jean-Jacques, poète écrivain
RIVRON Serge, auteur
SAUZAY Frédéric, réalisateur
SIMON Philippe (Philip), dessinateur bédé
SIRIEIX, musicien
TRIBOULET Marie, comédienne
VAN RUYMBEKE Georges (Van Ruy), peintre et graveur
VIVIANT Arnaud, écrivain, parolier, chanteur
WATIER Éric, plasticien
WEBER Sévy, comédienne et réalisatrice
YANKA Ygor, écrivain
A ces quelque 75 artistes s'ajoute la centaine de ceux qui ne sont pas dans la liste ci-dessus et qui figurent ici.
La page du terrier déjà citée en regard de cinq des artistes mentionnés ci-dessus, présente également un index de musiciens, écrivains, plasticiens, dont la centaine de contemporains vivants sont, à notre connaissance et bien qu'ils n'aient pas encore répondu officiellement à notre appel, tous vigoureusement opposés à votre projet de loi, comme à la DADvSI.
Vous pourrez également parcourir utilement le site Kassandre, qui rassemble un collectif de cinéastes opposés à votre projet de loi, comme à la DADvSI.
75 artistes, ça faisait pas des masses face aux 10 000 virtuels de la SACEM, mais c'était mieux que les 30 nantis de l'Odéon. Pour être tout à fait comptable et juste, il aurait fallu que deux heures après je leur mentionne que notre protestation s'était encore étoffée des signatures du compositeur William GOUTFREIND et d'Alain SORAL, qu'on ne présente plus. De toute manière, on savait tous que c'était perdu d'avance, qu'on avait déjà le caquet rabattu par la loi vénale, la plus bête et la plus liberticide conçue depuis la DADvSI. Ils en avait tellement honte, d'ailleurs, les très sauveurs de Création, de leur loi vénale, qu'à la surprise générale, au lieu d'attendre comme de coutume l'assemblée à peu près plénière de l'après question au gouvernement de la semaine suivante pour faire voter le texte débattu, le ministre Karoutchi a improvisé sous le manteau un accord bizarre avec les chefs de goupes de l'Assemblée pour imposer aux pauvres 16 vaillants députés qui restaient dans l'hémicycle à 10 heures du soir de se prononcer de suite. Résultat : la loi vénale a été approuvée par 10 (ou 11 ?) députés ! Ça laisse rêveur... Le vote définitif (il faut encore que les amendements votés soient examinés par la "Commission Mixte Paritaire") aura lieu le 9 avril prochain, mais il y a hélas peu de surprise à en attendre.
SR, 9 avril 2009
Le 9 avril 2009 est une date à marquer d'une pierre blanche : la CMP ayant annulé les rares amendements quelque peu sympathiques aux internautes, et en particulier celui qui stipulait qu'en cas de coupure de connexion internet pour raisons administratives l'internaute condamné ne soit pas contraint de continuer à payer son abonnement (amendement voté à l'unanimité de l'Assemblée nationale), certains députés de la majorité ont subrepticement rejoint le camp des opposants présents dans l'hémicycle au moment du vote et miracle - la HADOPI a été retoquée par 21 voix contre 15, au grand dam de la ministre Albanel mais pour le plus grand bien de notre pays. Moi, ça me laisse rêveur...
SR, 10 avril 2009
C'était à prévoir : comme c'est désormais rituel chaque fois qu'un vote interdit le résultat escompté de leur manœuvres, les margoulins qui manipulent à leur unique profit la "Démocratie" qui nous leurre, ont annoncé avec empressement, "comme la loi les y autorise", une nouvelle présentation de la HADOPI au Parlement. Ce sera le 28 avril, et cette fois, gageons-en, l'UMP fera en sorte que tous ses godillots soient là au moment du vote. Comme ils sont bien plus nombreux que les quelques dissidents de leurs rangs qui ont hier, soit en votant contre soit en n'étant pas là, permis le rejet, la loi vénale sera très probablement adoptée.
A moins que ! L'opposition à ce texte aussi fumeux, stupide, couteux, liberticide, qu'imposteur (l'alibi, rappelons-le, étant la protection des droits des créateurs, alors que pas un alinéa ne se préoccupe de définir un mode de rémunération des artistes compatible avec l'ère de la communication virtuelle), l'opposition à ce texte s'est largement élargie depuis une semaine. Pour faire court, je renvoie mes lecteurs à cette pétition qui réunit déjà près de 50 000 signataires, et à ce beau geste d'artistes médiatiques que le fils du producteur Paulo Branco a réussi à faire sortir du mutisme auquel "la profession" oblige encore trop de leurs confrères.
SR, 29 avril 2009
Leader Minimo a rameuté, morigéné, menacé, insulté ses troupes, pour le revote de la loi vénale, finalement programmé au 29 avril. Cinq heures nouvelles de débat, en présence de la ministre des patates (grise et muette, elle se fond dans sa culture). Aucune réponse aux multiples propositions de débat ou de travail de la trentaine de députés PC, PS, Verts, UMP, Modem dissidents et Républicains debout qui prêchaient, dans le désert des godillots absents (ils ne viendront que demain, pour voter ouah ouah), pour convaincre l'exécutif national de reprendre la loi la plus bête et la plus inféodée à un lobby de mercanti qui ait jamais été proposée au vote d'une assemblée républicaine. Vote dont le résultat, demain, ne fait aucun doute.
SR, 4 mai 2009, 20h
C'est à cause de la grippe mexicaine que l'Assemblée est vide pour cet ultime "débat", une fois ? En tout cas, si l'affligeant machin n'est pas voté en fin de séance du soir, ça ne sera pas la faute de Maxime Leforestier, Pierre Arditi ni Juliette Gréco ! Les derniers locataires de la Maison Bleue accrochée à la colline
, ayant réussi à en faire expulser tous les rêveurs, sont cités toutes les 27 minutes chrono par la ministre patate ou un de ses acolytes, parce qu'ils ont poussé l'abandon de toute vergogne jusqu'à supplier les opposants socialistes à la loi vénale d'arrêter de "trahir la gauche". À donner des frissons d'échine au vieux Lang, qui s'en pavane le salivoir pour sa prochaine campagne Culturelle, d'être si accortement escorté. Bref, on l'aura compris, la loi vénale, sera enfin votée ce soir, et la Maison Bleue accrochée à ma mémoire
aura juste gagnée de s'y noyer.
SR, 7 mai 2009
Le forcing de l'exécutif à faire adopter cette loi aura décidément eu le mérite de révéler au public (hélas aussi peu assidu que ses représentants à l'Assemblée) toute l'estime en laquelle nos gouvernants tiennent les institutions qu'ils n'ont pourtant de cesse de louer (et de vouloir accaparer) officiellement. Après les nombreux principes du Droit qu'écorne la HADOPI (et que devrait, espérons-le, sanctionner le Conseil constitutionnel), c'est au tour du Parlement européen d'être bafoué : les députés européens s'étant pour la seconde fois hier prononcés à une très large majorité pour l'interdiction de toute coupure des connexions Internet sans décision préalable de justice, les ministres Albanel et Karouchi, secondés par le chef de groupe UMP de l'Assemblée nationale Copé (et de Jack Lang, bien sûr), ont expliqué aux députés français qui constataient l'inanité de la HADOPI dans le contexte du veto européen, que la décision de l'Assemblée européenne n'avait aucune valeur...
70 heures de débat pour finir (peut-être) par voter une loi techniquement et juridiquement caduque avant même d'avoir été instituée, ça doit être comme ça qu'on conçoit l'efficacité, en France d'en haut.
cliquez pour voir la liste intégrale du vote de nos députés
Mais, à la fin, qui élit ces idiots ?! Français, je vous en conjure, arrêtez de voter pour des étiquettes !
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