SR, hiver 1993 - publié par la revue Verso, n°73, avril 1993
pour ma mie
Le cochon né pâté, goinfre d'ordure, l'hure toujours farfouillant bauge et soue, gras gavé gloutisseur d'épluchures, rugueux, puant, grognant, obtus, rose muqueux couinant, couenneux, avachi dans la bren, la babine ruisselante de bave, de miettes collées,
le cochon, le groin à fouir le sol, rotant des remugles de glands, de patates, la peau tirée, gros poils blonds d'anus au dos, yeux chassieux, glauques et battus par de flasques oreilles, ce répugnant vorace
le cochon, dis-je,
charpie soufflée, boudin, viande, rognure de lard et pieds-paquet, s'oublie aussi dans la souillarde où suinte sa rosette, se vidange la tripe et la vessie, et l'intestin, dis-je,
animal fécal, sus crofa, omnimonstre poubelle, relâcheur aux larges fesses,
torche son chancre au fer de sa bassine,
boit,
bouffe,
engloutit,
hurle encore et rote, se vautre, le cochon né pâté, enfin,
dédie sa mort immonde au cochon épaté.
Ma mie m'ouvre tes bras, et marchons, quelques pas.